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parti socialiste bastides
27 juin 2022

Le compromis, une autre manière de faire de la politique.

Quel bilan peut-on tirer de ces deux tours d’élections législatives ?

 

Compromis

D’abord cette chose étonnante et inédite, qu’en dépit d’une forme de scrutin qui ne s’y prête guère (le scrutin majoritaire si honni de certains !), toutes les familles politiques seront assez bien représentées au sein de la nouvelle assemblée.

 

Quatre blocs d’importance inégale vont en effet se partager l’hémicycle.

 

D’une part, un bloc du Centre (droit et gauche), encore très largement majoritaire (246 sièges) mais pas au point d’accéder à la fameuse barre des 289 sièges qui lui donnerait la majorité absolue. Un échec évident pour le président mais pas au point de lui ôter sa légitimité comme je l’ai entendu dire de quelques commentateurs.

Puis un bloc de gauche (Nupes) regroupant en une alliance inédite : Insoumis, Ecologistes, Socialistes, Communistes. S’il enregistre une belle percée (142 sièges), son succès reste en demi-teinte et demeure loin, très loin, des ambitions  de son leader de se voir choisi comme Premier ministre et de gouverner le pays.

Arrive ensuite le parti d’extrême droite (RN). C’est le seul vrai vainqueur de ce scrutin puisqu’il multiplie par 10 le nombre de ses élus. Mais avec ses 89 députés, on voit mal comment il pourrait à lui seul imposer ses vues à l’Exécutif.

Reste le parti de la droite classique (LR-UDI) que l’on croyait en voie de disparition après le piètre score de sa candidate à la présidentielle mais qui, bien qu’en net recul, se maintient à un niveau tel (64 pièges) que certains le voient jouer le rôle de force d’appoint de la majorité.

 

Au regard de ces résultats, nombre d’observateurs arrivent à la conclusion peu réjouissante qu’une telle assemblée, révélatrice des profondes fractures qui traversent notre pays, est vouée à l’inaction et à sa dissolution à plus ou moins brève échéance ; ça ne peut pas marcher disent-ils compte tenu des oppositions radicales et divergentes qui vont s’y manifester. C’est la cacophonie assurée quel que soit le gouvernement en place !

 

Pourtant, à y regarder de près, une telle configuration n’est que l’expression de la diversité des points de vue et de la complexité du monde. Elle devrait être de nature à satisfaire tous ceux qui sont attachés au bon fonctionnement de la démocratie. Au demeurant, elle est la norme dans la plupart des autres pays occidentaux. Que ce soit en Allemagne, en Italie ou en Espagne…, aucun groupe ne détient à lui seul la majorité absolue et doit nécessairement composer avec d’autres partis pour assurer une majorité gouvernementale à peu près stable. On nous dit que ce n’est  pas dans la culture politique de notre pays. Ce qui est vrai. Depuis des lustres, peut-être depuis toujours, la politique se joue en France sur le mode idéologique et manichéen, bloc contre bloc, détenteurs de la vérité contre les autres (qui sous-entendu ne l’ont pas). Pas de compromis possible, on s’oppose pour s’opposer, on réagit en partisan et non en esprit libre, autonome.

 

C’est précisément cela qu’il faut changer. Et c’est peut-être la chance qui s’offre aujourd’hui à notre pays, de faire de la politique autrement. Et comment cela ?

 

D’abord en se persuadant qu’aucun parti, aucun groupe politique quel qu’il soit, ne détient à lui seul le monopole du cœur ou celui de la vérité ; et qu’il faut se défaire de l’idée, assez  primaire et à vrai dire assez stupide, que son camp a toujours raison et que celui d’en face a forcément tort. En bref, se convaincre que le seul chemin possible, dans l’intérêt de tous, est celui du compromis.

 

La recherche du compromis  n’est autre que la mise en oeuvre du débat, du vrai débat, à toutes les étapes de la prise de décision. Elle se fonde sur l’échange et la confrontation permanente des idées. Chacun, à tour de rôle, expose ses arguments, lève les ambiguïtés et les malentendus, et participe, pas à pas et de plein droit, à la confection d’un accord qui même s’il ne fait pas l’unanimité, ne pourra être contesté quant à la manière dont il a été obtenu. Comme on le voit, un tout autre mode de fonctionnement que celui en vigueur sur les bancs de l’Assemblée où les groupes politiques cherchent à se neutraliser et « à faire le buzz » plutôt qu’à entrer dans un véritable dialogue constructif.

 

Une telle culture de compromis, nous en sommes convaincus, est la seule méthode vraiment efficace d’aller de l’avant et de rompre avec cette idée bien ancrée chez nombre de nos concitoyens que la France n’est pas réformable et que les politiques, quel que soit le talent de celui ou celle qui les dirige, sont vouées à l’impuissance. Mais plus encore, dans le contexte de tension sociale et de crise financière que traverse aujourd’hui le pays, elle est sans nul doute le moyen le plus sûr de sortir de ce climat d’affrontements et de violences permanent, et de ce qui pourrait conduire un jour à une crise de régime ; à plus long terme, elle est le chemin à suivre pour espérer réconcilier les Français avec leurs élus et amener ceux et celles qui aujourd’hui se désintéressent de la politique et se réfugient dans l’abstention, à retrouver le chemin des urnes.

 

Jean Chaussade, Géographe et essayiste.

Dernier ouvrage paru (juin 2022)

 : J’écris pour toi  (chez Publishroom factory)

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