Faillite de la Gauche : Essai d'explication.
Face à l’état déplorable de la gauche, on est en droit de se poser la question du pourquoi et du comment en est-on arrivé là ? Comment expliquer une telle cacophonie dont on peut s’attendre à ce qu’elle soit sanctionnée en avril prochain par une magistrale déculottée ?
Cela revient à poser la question du divorce qui est apparu progressivement, et cela dès les années 1980 me semble-t-il, entre la classe intellectuelle se disant de gauche, composée d’élus, d‘artistes, de journalistes, de professeurs, d’écrivains… celle que l’on voit encore aujourd’hui défiler sur les plateaux de télévision, et les gens dits « ordinaires », ouvriers, employés, fonctionnaires appartenant à ces classes moyennes qui autrefois constituaient le gros des troupes de l’électorat et des partis de gauche.
Comment expliquer un tel divorce entre les élites culturelles et ce que l’on appelait autrefois dans le langage marxiste, les « masses populaires ».
A mon avis, les partis de gauche ou plutôt ceux qui les dirigent, ont commis deux séries d’erreurs.
La première est la place démesurée qu’a prise l’écologie dans leur stratégie de conquête du pouvoir. Non pas que le sujet touchant au réchauffement climatique et à ses effets sur l’environnement n’intéresse pas les Français ou qu’ils les estiment sans importance. Au contraire, nos compatriotes ont très bien compris les enjeux à venir mais ils les considèrent en toile de fond de leurs préoccupations. Leur urgence à eux, par la force des choses, est plus terre à terre, elle est dans l’emploi, le pouvoir d’achat, le logement, l’école… C’était vrai hier, ça l’est encore aujourd’hui, ça le sera encore demain.
De plus, sur ce sujet pourtant essentiel de l’écologie, les partis qui s’en réclament, ont pris l’habitude, sans qu’ils s’en rendent bien compte, de se positionner en surplomb des Français, en donneurs de leçons et comme seuls détenteurs de la vérité écologique. En cela, ils donnent une très mauvaise image d’eux-mêmes. Car, dans ce domaine comme dans d’autres, personne ne détient la vérité absolue. Un peu plus d’humilité dans leur discours leur donnerait un peu plus de crédibilité.
La deuxième erreur de la gauche, peut-être plus déterminante à mes yeux, est d‘avoir laissé filer vers la droite et l’extrême droite des thèmes aussi essentiels que la sécurité et le patriotisme, thèmes qui, depuis la Grande révolution étaient l’apanage du peuple. Et de surcroît, d’avoir adopté vis-à-vis de l’islam, seule religion en expansion aujourd’hui sur notre territoire et qui de ce seul fait, pose des problèmes à notre société, une attitude pour le moins ambiguë, souvent contradictoire avec nos valeurs républicaines et universalistes. Que cela plaise ou non, on ne pourra s’affranchir vis-à-vis de l’islam, de l’affrontement que nous avons eu au début du XXe siècle avec l’Eglise catholique alors engluée dans un conservatisme qui la rendait incapable de s’ouvrir au principe de laïcité qu’elle accepte volontiers aujourd’hui.
Mais si la gauche est dans la panade, elle n’est pas morte. Suite au prochain numéro !
JEAN CHAUSSADE