Le nucléaire est incontournable.
Une vision réaliste sur le problème de la gestion de l'énergie
J'ai rédigé cet article il y a 10 ans à l’occasion de la campagne des législatives.
Je n'ai pratiquement rien à changer. Je vais simplement réactualiser quelques chiffres et vous informer des avancées technologiques prometteuses et donc principalement CONFIRMER.
Que Le recours à l’énergie nucléaire est INCONTOURNABLE. Alors qu'enfin la plupart des partis face à cette réalité introduisent dans leur programme le recours à l'énergie nucléaire. Je conjure le parti socialiste de ne pas faire la politique de l'autruche et d'en faire autant.
Bien sûr qu’il faudra tenir compte des grands enjeux écologiques qui ne manqueront de se poser et en particulier celui du réchauffement climatique.
Bien sûr qu’il faudra construire toute une politique de l’approvisionnement en énergie et notamment en énergie électrique en tenant compte des contraintes environnementales.
François Hollande aura besoin pour cela de tout le soutien et notamment celui des députés socialistes, car malgré tout le respect que je peux avoir pour Europe Ecologie Les Verts, je ne crois pas qu’ils ont vraiment pris la véritable dimension du problème qui se pose à nous.
Arrêter le nucléaire brutalement aurait des conséquences économiques et écologiques bien plus insupportables que ce «mal» nécessaire et incontournable mais transitoire : Pourquoi ?
Je donne mon avis sur le projet de François Hollande à la demande de la candidate aux législatives non pas en tant que secrétaire de section, mais parce j’ai dirigé plus de dix ans une des plus importantes directions nationales de France Télécom, celle de l’Environnement Technique (L’Énergie), et j’ai piloté à ce titre le plan de secours « Énergie » en parallèle avec celui d’EDF pendant les tempêtes de 1999/2000.
Voici mon témoignage.
Une première considération qui semble bien mal connue est la différence entre Énergie totale consommée, Énergie Nucléaire et Énergie électrique.
L’Énergie électrique n’est pas une Énergie « primaire » elle provient pour 74% de l’énergie nucléaire. Le reste : 12% de l’Hydraulique, 11% du thermique c'est-à-dire du pétrole, du gaz ou du charbon, et 2% seulement de l’éolien et 1% (encore moins) du solaire
10 ans après les chiffres ont à peine évolué en 2020, malgré une consommation réduite due au covid19 de 460TWh.
L’Énergie électrique provenait pour 67.1% de l’énergie nucléaire.
13% de l’Hydraulique, 7.5% du Thermique.
7.9% de l’éolien. On peut noter le petit effort, mais aussi les problèmes qu’il pose.
2.5% du solaire. Bien loin des espérances.
1.9% de la biomasse.
Mais ce n’est pas tout car cette Énergie électrique Ne représente que 22% de la consommation de l’Énergie Totale.
Le reste : 48% pour le pétrole, 20% pour le gaz, 4% pour le charbon, 6% pour les énergies renouvelables et les déchets. Essentiellement utilisée pour les transports, l’industrie et se chauffer.
10 ans après une légère augmentation car l’Énergie électrique représente 25% de la consommation de L’Énergie totale
44% pour le pétrole, 21.5% pour le gaz, 1.9% pour le charbon.
Cela étant, avec le développement des véhicules électriques le besoin en Énergie électrique va irrémédiablement s’accroitre.
Ces chiffres parlent d’eux-mêmes et permettent de construire une politique lucide, soucieuse de préserver l’avenir et de faire de la France la nation de l’excellence environnementale MAIS REALISTE en tenant compte des réels besoins en Énergie
Réduire de 74% à 50% la part d’électricité provenant du nucléaire d’ici 2025 sera déjà un challenge extrêmement difficile avec un plan d’accompagnement rigoureux et volontariste, mais le seul possible sans une augmentation insupportable des prix.
En fait je n’’y croyais déjà pas ! et je n’avais pas tort…
L’énergie nucléaire
Les 22% d’énergie électrique représentent 550 TWh (chiffres 2010 : en termes de production et non de puissances installées) dont 74% sont d’origine nucléaire.
Compter sur les énergies alternatives pour remplacer le nucléaire n’est mathématiquement pas possible, notamment sans vouloir faire appel au thermique générateur de CO² qui n’est pas vraiment à la fête avec le réchauffement climatique et dont le prix ne cessera d’augmenter avec l’épuisement des ressources.
Eh oui, je l’avais pourtant bien dit et démontré !!
Les autres alternatives
La première source d’économie serait de diminuer la consommation d’électricité, et c’est possible en adoptant des attitudes civiques, en isolant nos logements, en utilisant des produits basse consommation, en utilisant des dispositifs économiseurs…et en effet il faudra mener cette politique et cela fait bien parti des projets de François Hollande
Mais il y a aussi des facteurs qui favorisent l’augmentation de la consommation comme la voiture électrique et tous les « objets » High Tech, la robotique…qui utilisent des batteries qu’il faut recharger et qui consomment de l’électricité limitant ainsi nos possibilités d’économies.
Donc pas trop d’illusion de ce coté, certes il y a des possibilités mais il faudra continuer à faire face à une demande importante d’électricité.
Il y a 40 millions de véhicules en circulation. La volonté est qu’il n’y ait plus de véhicules thermiques en 2040 à remplacer par des véhicules électriques qu’il faudra recharger.
En moyenne un véhicule consomme 1.2MWh par an.
40 millions * 1.2 MWh = 48 TWh 48 TWh (Térawatt heure 1012) pour recharger les véhicules électriques.
48 TWh soit plus de 6 tranches Nucléaires !
Et je ne parle que des véhicules «légers»….
Et que l’on me vienne pas me parler de l’hydrogène…Je rappelle que l’hydrogène n’existe pas à l’état naturel sur Terre.
2 façons pour produire de l’hydrogène.
1- chimiquement, et on retrouve le problème du CO²
2- par électrolyse et il faut quoi ? : de l’électricité beaucoup d’électricité. (j’y reviendrai dans un prochain article)
Autre possibilité : développer les énergies alternatives.
Globalement et pour l’instant, elles sont bien insuffisantes pour prendre la relève
L’éolien est rejeté par les Verts car les mats gâchent les paysages, mais aussi cette énergie est à la merci du vent donc aléatoire. Malgré un parc en développement on arrive laborieusement à 2%. Elles permettront tout ou plus de donner un coup de pouce. On ne peut pas compter sur les éoliennes au moment de la pointe de consommation.
7.9% 10 ans après. De nombreux rejets. Pas certain, que le bilan sur le plan écologique, soit favorable.
Le solaire photovoltaïque, en théorie chaque m² reçoit suffisamment d’énergie (l’équivalent de 200kg de charbon par an) pour prendre le relais du nucléaire mais c’est une énergie très diffuse et le rendement des cellules photovoltaïques (en croissance) reste très bas. Pour l’instant les panneaux sont d’origine chinoise. Nous avons pris un retard regrettable et pourtant évitable sur cette technologie et notamment sur l’industrialisation. Il y aussi cet inconvénient majeur, il faut non pas du soleil mais de la lumière, or la nuit, un ciel nuageux, contrarie la production.
Inconvénient Majeur : les heures de production ne correspondent pas aux heures de consommation maximale et il faut stocker l’énergie pour la distribuer quand on en a besoin.
D’où les actions d’accompagnement nécessaires suivantes :
Intensifier la recherche et déposer les brevets sur le rendement des cellules photovoltaïques.
Développer une filière photovoltaïque absolument monumentale, technologique, industrielle, commerciale Française, voire Européenne.
Il faudra en parallèle faire des recherches et continuer à progresser sur les batteries ou sur des systèmes de restitution de l’énergie en « heures sombres » il n’y a pas que les batteries mais tout dispositif capable d’accumuler de l’énergie potentielle, notamment les matériaux à changement de phase.
Mais aussi de poursuivre le développement de toutes les formes d’énergies alternatives prometteuses possibles, notamment les centrales thermiques solaires, l’éolien, marée-motrice…
Nous avons là une formidable filière de création d’emplois
10 ans après SEULEMENT 2.5%
TRES Nettement insuffisant, les efforts sont à poursuivre. Il y a pourtant de quoi faire… Cependant comme je l’avais prévu la production restera toujours bien insuffisante au regard des besoins.
Conserver une filière nucléaire
Nous l’avons vu, il faut aussi garder une filière nucléaire forte car les énergies alternatives seront insuffisantes et d’autre part l’industrie aura toujours besoin d’une puissante source d’énergie électrique et il serait dommage de se priver d’un fleuron de l’industrie française dont nous sommes le leader mondial. Notamment dans un contexte où notre déséquilibre commercial est au plus mal.
10 ANS après j’espère pouvoir confirmer ce que j’ai écrit, à savoir : Sommes-nous toujours le leader mondial ?
Quel gâchis ! Avons-nous gardé notre savoir, notre savoir faire ?
Les compétences du CEA sont remarquables…Rien n’est perdu
Notamment pour construire des centrales de 4éme génération.
A moyen terme
La poursuite évidemment de l’excellence en matière de sécurisation et d’efficience.
Donc démanteler les plus anciennes centrales qui pourraient ne plus répondre aux normes de sécurité maximum et qui sont les moins efficientes.
En profiter pour se constituer des normes d’excellence en matière de démantèlement.
Au contraire profiter des centrales modernes, plus sûres, plus efficientes, qui produisent moins de déchets et qui utilisent du combustible recyclé nous rendant indépendant de notre approvisionnement en uranium.
Donc conserver l’EPR de Flamanville à condition bien sûr que toutes les conditions de sécurité soient respectées. (4MdE déjà investis sur 6Md€).
Conserver une filière de retraitement des déchets, ce qui va de pair avec la poursuite de l’EPR mais aussi avec la production du MOX (mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium ) pour les centrales modernes Mais aussi pour diminuer la radioactivité et la durée de vie des déchets finaux et les réduire, ce qui est très important pour leur stockage définitif.
Je voulais parler du projet ASTRID et des centrales de 4ème génération au sodium liquide, malheureusement « suspendu » mais qu’il conviendrait surement de reprendre.
Par contre il sera important d’apporter sur le traitement des déchets plus de transparence. Certaines filières de stockage russes paraissent très confuses !
A plus long terme
Nous avons la meilleure filière atomique au monde, justement basée sur une excellence de sureté de conception de nos centrales et une sécurisation maximum. Surtout conservons cette excellence et cette maitrise même si nos centrales sont plus chères…marquons notre différence sur ce créneau. C’est un investissement pour l’avenir et le rayonnement français Sincèrement quand on observe la différence de conception d’une centrale française, coréenne ou celle de Fukushima (sans circuit secondaire) bien que l’origine de l’accident n’en soit pas la cause, je suis rassuré d’être en France. C’est un atout à conserver et à cultiver.
L’avenir
Garder toujours à l’esprit que l’Energie Nucléaire de Fission est une énergie potentiellement dangereuse à produire et qui fabrique des déchets, le zéro risque n’existe pas. Il faut la considérer comme une énergie de transition obligatoire sans autre possibilité actuellement. Il convient donc de la limiter en quantité et dans le temps en l’encadrant d’une sécurité et d’une efficience maximales.
Il faut donc dès maintenant penser à demain et rechercher l’énergie ou les énergies du futur, celles de 2050. Car n’ayons aucun doute, c’est l’énergie qui fait et qui fera tourner le monde et nous ne pouvons pas accumuler des déchets radioactifs indéfiniment. Or nous avons aussi la chance d’avoir sur notre territoire 2 projets - Iter à Montpellier et Mégajoule à Bordeaux- qui permettront probablement de maitriser un jour la FUSION nucléaire (reproduction du soleil) énergie quasi illimitée et sans déchet…rêvons un peu et pensons à nos enfants… N’abandonnons pas la recherche.
Il y a 10 ans je ne voyais pas a construction de réacteur à fusion nucléaire avant 2050.
Il se trouve que dans ce domaine, la recherche et les progrès sont spectaculaires.
Récemment le MIT : Institut de recherche aux états unis, s’appuyant sur un électro-aimant à haute température est parvenu à produire un champ magnétique de 20 Teslas.
C’’est ce qui manquait aux chercheurs pour espérer confiner un plasma aux conditions de production de la fusion nucléaire.
Avec de telles avancées des réacteurs à fusion nucléaire pourraient voir le jour avant 2050 pourquoi pas …2040…2035….
Ce serait une révolution technologique considérable…
Un bouleversement social et humain absolument gigantesque dont on ne mesure pas aujourd’hui quelles seraient les conséquences.
Imaginez l’’Energie disponible quasiment à volonté, bon marché produite sans aucun déchet et sans danger !!
Et pourtant Cela va devenir Possible !!
Alain Bellevergue